JAVOTTE. Eh ! non ! Il vous dit que vous lui cassez la tête !
REBEC. Ou bien il ne veut pas être tutoyé. Le fait est que ça commence à passer de mode. (Au capitaine.) M. le capitaine souhaite-t-il quelque chose ?
LE CAPITAINE. Rien, merci. J’ai besoin d’une heure de sommeil.
REBEC. La chambre à côté est prête. Il y a un excellent lit.
LE CAPITAINE. Très-bien. (Il entre dans la chambre voisine.)
REBEC, croisant ses bras sur sa poitrine, avec stupéfaction. Javotte ! voilà une chose étonnante, surprenante, étourdissante !
JAVOTTE. Quoi donc ?
REBEC. Tu ne te doutes de rien, toi ?
JAVOTTE. Non ! Qu’est-ce qu’il y a ?
REBEC. Attends ! Je vais voir sa figure pendant qu’il ôte son kolback. (Il regarde par la fente de la porte.) Il ne l’ôte pas. Il ne se couche pas. Le voilà assis ; il va dormir les coudes sur la table et le sabre au flanc… un vrai militaire ! il craint quelque surprise, — il n’a pas tort ! — Le voilà qui éteint la chandelle, je ne vois plus rien. (Revenant.) C’est égal, j’en suis sûr, à présent, c’est lui !
JAVOTTE. Qui, lui ?
REBEC. Cadio !
JAVOTTE. Quel Cadio ? Le sonneur de biniou qui venait à la ferme du Mystère ?
REBEC. Lui-même.
JAVOTTE. Vous rêvez ça ! c’est pas possible !
REBEC. C’est comme je te le dis.
JAVOTTE. Il nous aurait reconnus !
REBEC. Tu sais bien qu’il était à moitié fou. Il l’est tout à fait à présent !