Page:Sand - Cadio.djvu/381

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bois, c’est réellement l’oiseau de la nuit qui chante. Nous ne sommes pas imprudents de vous escorter en si petit nombre. Nous savons que les paysans ne se lèvent pas d’eux-mêmes pour la guerre civile, et qu’en perdant leurs chefs, ils recouvrent l’amour du repos et de la sécurité. Notre indulgence pour votre malheur n’est pas une défaillance de notre patriotisme. N’essayez pas de fuir. Personne parmi nous ne fait semblant d’oublier son devoir.

SAINT-GUELTAS. Monsieur Cadio, je suis charmé de vous voir pour vous dire…

CADIO. Que les chouans vous ont empêché de vous battre avec moi ? Je le sais, et je vous plains d’avoir eu pour amis les ennemis de votre honneur.

SAINT-GUELTAS. Si vous étiez aussi héroïque que vous vous piquez de l’être, vous feriez en sorte que je pusse vider ici avec vous cette affaire d’honneur.

CADIO. Croyez qu’il en coûte à ma haine de ne plus pouvoir châtier moi-même l’outrage que vous m’avez infligé. Je fais des vœux pour qu’on vous rende la liberté ; mais mon devoir m’est plus cher que ma vengeance. Vous appartenez à la République ; je ne puis rien ici ni pour vous ni pour moi.