Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/150

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Ne me gronde pas d’être rentrée à la nuit, quoique seule. Il fait si bon et si doux que j’ai pris fantaisie de courir en voiture autour du lac à l’heure où il est désert ; cette heure où tout le monde dîne est décidément la plus agréable pour aller au bois de Boulogne. Où as-tu donc dîné, toi ? J’espérais te trouver ici.

— J’ai dîné avec mon neveu.

— Et avec sa femme ? dit-elle en me regardant avec une ironie singulière. Sais-tu qu’il te trompe, ton neveu, et qu’il n’est pas marié du tout ?

— C’est tout comme, répondis-je. Il est peut-être plus enchaîné que s’il était marié.

— Enchaîné est le mot, et je vois que tu y mets de la franchise.

— Je ne sais ce que tu veux dire.

— Ni ce que tu dis, ma bonne Pauline, tu t’embrouilles, tu n’y es plus ; mais moi je sais toute la vérité.

— Quoi ! que sais-tu ?

— Écoute : avant d’aller au bois faire mes réflexions, j’avais été faire connaissance avec la belle Marguerite.

— Tu railles !

— Tu vas voir. Je savais que tous les soirs M. Paul quittait son bureau pour aller passer la nuit rue d’Assas chez une madame Féron qui y louait ou qui était censée y louer un appartement. Je savais encore que ton neveu ne s’y rendait que bien rarement dans le jour ; or, comme il était quatre heures et que j’étais résolue à connaître la vérité aujourd’hui.