Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/89

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pas du tout, — car il n’avait jamais voulu se laisser présenter, et il s’arrangeait pour ne jamais se rencontrer chez moi avec elle, — pouvait songer à protester de gaieté de cœur contre son mérite.

— C’est donc pour faire le contraire de tout le monde, disait-elle, car, que je sois quelque chose ou rien, tout ce qui m’approche est content de moi, me trouve aimable et bonne, et prétend que je ne suis pas un esprit vulgaire. Je ne demande de louanges et d’hommages à personne, mais l’hostilité de parti pris me révolte. Tout ce que je peux faire pour toi, c’est de croire que ton neveu pose l’originalité, ou qu’il est un peu fou.

Je voyais croître son dépit, et elle en vint à me faire entendre que j’avais dû, dans quelque mouvement d’humeur, dire du mal d’elle à mon neveu. Je ne pus répondre qu’en riant de la supposition.

— Tu sais bien, lui dis-je, que je n’ai pas de mouvements d’humeur, et que je ne peux jamais être tentée de dire du mal de ceux que j’aime. Le refus de Paul à toutes vos invitations tient à des causes beaucoup moins graves, mais que tu auras peut-être quelque peine à comprendre. D’abord il est comme moi, il n’aime pas le monde.

— Cela, reprit-elle, tu n’en sais rien, et il ne peut pas le savoir, puisqu’il n’y a jamais mis le pied.

— Raison de plus pour qu’il ait de la répugnance à s’y montrer. Il n’est pas tellement sauvage qu’il ne sache qu’il y faut apporter une certaine tenue de convention, manières, toilette et langage. Il n’a pas