Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/90

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appris le vocabulaire des salons, il ne sait pas même comment on salue telle ou telle personne.

— Si fait, il a dû apprendre cela dans sa librairie et dans ses visites aux savants. Tu ne me feras pas croire qu’il soit grossier et de manières choquantes. Sa figure n’annonce pas cela. Il y a autre chose.

— Non ! la chose principale, je te l’ai dite : c’est la toilette. Paul ne peut pas s’équiper de la tête aux pieds en homme du monde sans s’imposer des privations.

— Et tu ne peux même pas lui faire accepter un habit noir et une cravate blanche ?

— Je ne pourrais pas lui faire accepter une épingle, fût-elle de cuivre, et puis le temps lui manque, puisque c’est tout au plus si je le vois une heure par semaine.

— Il se moque de toi ! Je parie bien qu’il fait des folies tout comme un autre. Le marquis de Rivonnière n’est pas empêché d’en faire par sa passion pour moi, et ton neveu n’est pas toujours plongé dans la science.

— Il l’est toujours au contraire, et il ne fait pas de folies, j’en suis certaine.

— Alors c’est un saint,… à moins que ce ne soit un petit cuistre, trop content de lui-même pour qu’on doive prendre la peine de s’occuper de lui.

Cette parole aigre me blessa un peu, malgré les caresses et les excuses de Césarine pour me la faire oublier. L’amour-propre s’en mêla, et je résolus de montrer à la famille Dietrich que mon neveu n’était pas