Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/141

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lons de choses au-dessus de ton âge, et je crois qu’en effet nous disons des sottises bien ridicules,

— Moi, je ne trouve pas ridicule de causer raisonnablement. Voyons, parle-moi raison, dis-moi ce que tu penserais et comment tu te conduirais, si tu avais de l’amour pour moi dans la suite ?

— Je travaillerais, Lucienne ! Je penserais que mon devoir est de me bien conduire ; j’aurais une tranquillité dans le cœur, un avenir dans la tête. Je désirerais te devenir agréable, j’aurais des attentions pour toi. Je ferais plus volontiers les volontés que les miennes. Je serais plus gentil que je ne l’ai été. Je m’habillerais bien pour te faire plaisir. Je gagnerais vite de l’argent pour avoir un joli cabriolet et un beau cheval afin de te mener promener. Je te donnerais un bouquet tous les matins. Je te conduirais où tu voudrais, même aux endroits que tu aimes et que je n’aime pas. Je trouverais beau tout ce qui te plaît, même le régas et la mer. Enfin je serais charmant comme un jeune homme que j’ai vu à Avignon et qui venait de se marier par amour avec sa cousine. Ils paraissaient très-heureux tous les deux, et pourtant le jeune homme n’était pas riche ; mais sa cousine l’était pour deux, et elle paraissait très-contente.

— Si tu devenais gentil comme tu dis, Marius, et si tu voulais bien travailler auparavant, je t’as-