Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/142

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sure que je serais contente aussi de me marier avec toi.

— Eh bien, Lucette, ça pourra venir, qui sait ?

Le dîner qu’on sonnait interrompit ce bizarre entretien, qui devait avoir pour moi de pénibles conséquences dans l’avenir.



XX


Certes Marius n’avait pas pris en lui-même l’initiative d’un commencement de séduction : s’il avait été habile, c’était bien à son insu, et comme entraîné sur une pente creusée tout à coup par l’enfantine spontanéité de mon caractère ; mais il est bien certain aussi que madame Capeforte avait préparé les voies à l’espèce d’engagement que nous venions de prendre vis-à-vis l’un de l’autre. Elle avait confessé Marius malgré lui, elle savait désormais tout ce qu’elle avait voulu savoir : d’abord que Marius et moi n’étions pas des enfants précoces et que nous n’avions jamais deviné l’amour ensemble, à preuve qu’au premier éveil de ses sens Marius avait compris que je n’étais pas une femme, et que la seule femme de la maison était