Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/143

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Jennie ; qu’ensuite Frumence lui avait inspiré de la jalousie, et qu’il avait été prompt à saisir ce prétexte vis-à-vis de lui-même pour se débarrasser de son autorité ; qu’enfin Marius était incapable de se créer une position, et qu’il n’était bon qu’à faire un joli petit mari pour une fille de campagne bien vulgaire, mais passablement dotée.

Alors, il s’était présenté à l’esprit de madame Capeforte une déduction rapide et logique. Elle avait une fille laide, mais unique et assez riche ; elle s’était dit que Marius avait un nom et des relations qui la mettraient enfin au niveau de cette noblesse de province où elle était si jalouse de s’introduire. La dévotion seule ne suffisait pas ; il fallait arriver par d’autres intrigues à une alliance. Marius était tout fait pour subir sa fille en échange d’une dot.

Mais, en insinuant à Marius que son avenir dépendait d’un bon mariage, elle avait éveillé en lui la pensée de m’épouser, qui ne lui était probablement jamais venue. Elle avait vu sa surprise, son irrésolution, son effroi peut-être, et, découvrant qu’elle lui faisait faire fausse route, elle s’était hâtée de dire que j’étais trop jeune pour lui. C’est une fille de seize ans (une fille comme Galathée Capeforte), qui pouvait commencer à représenter pour lui l’avenir. Et, comme probablement Marius