— Alors, vous seriez la fausse Lucienne ?
— Dame, qui sait ?
— Quelqu’un aurait donc eu intérêt à faire cette lâcheté de tromper votre grand’mère ?
— Ou quelqu’un se serait trompé fort innocemment en lui ramenant une petite fille qui ne serait pas la sienne.
— Vous croyez donc que Denise sait ce qu’elle dit ?
— Est-ce que tu ne le crois pas un peu toi-même ? Tu as l’air tout triste et tout étonné.
— Mais Denise prétend aussi que c’est moi qui vous ai ramenée. Le croyez-vous ?
— Non, si tu me dis le contraire.
— Ce que je peux vous jurer, c’est que j’ai vu Denise aujourd’hui pour la première fois.
Il me sembla que Jennie éludait ma question et, à mon tour, je la regardai si attentivement, qu’elle en fut troublée.
— Ah ! ma bonne Jennie, m’écriai-je, si c’est par toi que j’ai été élevée et ramenée, ne me le cache pas. Je t’aimais tant !
— Vous m’aimiez ? dit Jennie émue.
— J’aimais une mère que j’avais ! On a bien tâché de me la faire oublier ; mais justement la seule chose que je n’ai pas oubliée, c’est le chagrin que j’ai eu quand elle m’a laissée là avec ma