Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/187

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— Et puis quoi, Jennie ?

— Eh bien, au lieu de rêvasser toute la journée, vous ferez des extraits comme autrefois, vous vous donnerez une tâche, vous serez votre précepteur. Frumence croit que vous êtes capable de cette volonté-là. Moi, je ne sais pas ; qu’est-ce que vous en dites ?

— C’est-à-dire que Frumence juge mieux que toi de ma raison ?

— C’est peut-être ça ; mais Frumence dit que vous ne pouvez et ne devez lui rien promettre, parce qu’il n’est plus votre maître d’école, et qu’on pourrait lui reprocher de se mêler de ce qui ne le regarde pas. Vous ne devez promettre qu’à vous-même. C’est à vous de nous dire si vous vous connaissez et si vous vous estimez assez pour ça.

Je fus presque offensée des doutes de Jennie.

— Je peux tout me promettre à moi-même, répondis-je ; mais je ne peux pas tout deviner, et il faut que Frumence s’intéresse assez à moi pour me parler raison de temps en temps et m’expliquer ce que je ne comprendrai pas. Il n’est plus question de maître et d’élève ; mais je ne sais pas pourquoi Frumence ne serait pas mon ami, si je désire qu’il le soit, et n’accepterait pas ma confiance, puisque je la lui donne.

J’entraînais Frumence sans m’en douter, sans