Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/310

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dépend de soi de n’être jamais avilie chez les autres. Est-ce que je l’ai été ici, moi qui n’avais jamais servi personne ?

— Tu as raison, ma Jennie ; je suis une sotte. Je pourrais être comme toi femme de confiance quelque part,… avec toi !…

— Ah ! pauvre enfant, vous êtes simple ! On ne prend pas deux femmes de charge dans une maison. Et puis vous ne savez rien de ce qu’il faut savoir ; vous avez plus d’esprit qu’il n’en faut, mais vous n’auriez pas la patience !

— Nous nous ferons lingères ou couturières, veux-tu ? Nous travaillerons chez nous.

— Oui ! nous gagnerons chacune six sous par jour, et, là-dessus, il faudra en dépenser vingt chacune pour être bien mal nourries et logées plus mal encore.

— Que comptais-tu donc faire pour moi en me disant tout à l’heure… ?

— C’est mon secret. J’ai une ressource bien petite, mais assez sûre. Par exemple, il nous faudra quitter le pays, et c’est pourquoi je ne veux pas épouser Frumence. Allons ! vous voilà songeuse ? Ce que nous disons, c’est pour mettre les choses au pis, et elles n’ont pas coutume d’arriver comme on les prévoit. D’ailleurs, jusqu’à présent, il ne semble pas qu’il y ait rien de mauvais sous jeu