Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/69

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Enfin Frumence se montra, et j’hésitai un moment à le reconnaître. Il avait du linge blanc tout neuf, un modeste habillement et un chapeau tout neufs, des chaussures neuves, les cheveux peignés, taillés, domptés, nettoyés à fond ; des gants, et, les gants ôtés, des mains et des ongles irréprochables, bien que durcis et usés encore par le travail ; la barbe bien rasée, la figure propre et comme éclaircie malgré le hâle et le ton naturel, qui était fort brun ; en un mot, Frumence était non-seulement renouvelé dans l’enveloppe de sa personne, mais encore on voyait qu’il avait promis de soigner sa personne même, et qu’il comptait tenir parole. Il fut gauche, hésitant, embarrassé durant quelques jours dans cette préoccupation ; mais ce fut tout. Il resta propre dans ses habits et dans ses habitudes, et il arriva très-vite à ressembler à un homme qui aurait toujours vécu dans l’aisance et en contact avec la société. Je pensai alors que pareille chose m’était peut-être arrivée, que pareille transformation avait dû s’opérer en moi quand je