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XIII


Je ne sais si Frumence avertit ma grand’mère, ou si Denise, avec qui elle causa le soir, lui révéla le trouble de son esprit. Je crus voir qu’on était un peu inquiet dans la maison, et ma bonne maman fit dresser un petit lit pour moi dans sa propre chambre. La mienne avait toujours été contiguë à celle de Denise. Craignait-on qu’elle ne me fit du mal ? Je ne pouvais pas le croire. L’accès passé, cette pauvre fille m’avait témoigné la même amitié puérile et passionnée que les autres jours, et même les jours suivants il sembla qu’elle voulût me bien prouver, par un redoublement de gâteries, qu’elle avait agi dans la fièvre et que j’étais toujours son idole.

Je vis son chagrin, son repentir, et je me montrai affectueuse avec elle plus que je n’avais coutume de l’être. Son exaltation, son engouement pour moi augmentèrent d’autant, et elle était sincère, je n’en doute pas. Elle était fort triste, ma grand’mère lui ayant défendu, je crois, de me suivre à la promenade, et ne me perdant pas de