Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 2.djvu/12

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offre est une insulte à la mémoire de mes parents ; car ma grand’mère m’a reconnue et ma mère ne m’eût pas désavouée. Je suis leur enfant ou je ne suis rien, et je ne puis dans aucun cas accepter l’aumône.

— Lucienne a raison, dit Jennie en m’embrassant. J’étais sûre qu’elle répondrait comme cela.

— N’allons pas si vite, reprit M. Barthez. Je viens de relire la fameuse preuve, elle m’inspire toute confiance morale, elle ne laisse aucun doute dans mon esprit ; mais légalement elle n’est pas d’une valeur incontestable, il ne faut pas se le dissimuler. M. Mac-Allan en connaît depuis longtemps la substance et nous pouvons démasquer nos batteries ; mais je doute qu’elles l’effrayent beaucoup.

Jennie serrait dans ses mains un papier plié qu’elle froissait malgré elle. Elle avait l’air plus surpris que consterné. Elle avait toujours foi dans cette preuve ; les doutes de M. Barthez n’entraient pas dans son esprit ; ils ne pouvaient par conséquent entrer tout à fait dans le mien. Je connaissais le caractère de notre ami, d’autant plus craintif à l’occasion qu’il était confiant à l’habitude. Je m’efforçai de réagir contre lui en moi-même.

Mais le temps pressait ; M. Mac-Allan allait arriver. Je lui annonçai sa visite et celle de Fru-