Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 2.djvu/13

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mence en lui demandant si quelqu’un pouvait être compromis dans la lutte où j’allais être engagée.

— Oui, certes, répondit-il, et très-gravement.

— Personne de vivant ! s’écria Jennie avec un accent douloureux qui me frappa.

— Pardonnez-moi, quelqu’un de vivant, répliqua M. Barthez, quelqu’un de très-honorable et dont je vous jure que je ne douterai jamais ; mais les apparences peuvent être invoquées contre…

— Contre qui donc ? m’écriai-je à mon tour. Dites-le, monsieur Barthez, il faut le dire !

M. Barthez me fit de l’œil et de la main un signe rapide. Il désignait Jennie, qui s’était approchée de la fenêtre en entendant venir des cavaliers, et qui ne semblait pas se douter qu’elle pût être mise en cause. Elle se retourna vers M. Barthez en lui demandant avec une impatiente candeur :

— Eh bien, qui donc ?

— Inutile de le dire à présent, lui répondit M. Barthez. Cette pensée ne se présentera peut-être pas à l’esprit de notre adversaire. Le voici qui arrive, n’est-ce pas ? et je dois vous recommander à l’une et à l’autre une excessive prudence. Pas d’inutiles vivacités, pas de résolutions exaltées, aucune précipitation provocante ! Un calme parfait, beaucoup d’aménité, quoi qu’on nous dise, et surtout pour aujourd’hui réservons nos réponses