Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 2.djvu/15

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une situation que je puis, que je veux sauver de part et d’autre, si on m’accorde la confiance que je me fais fort de justifier. J’ai plein pouvoir pour traiter, et je désire traiter. J’ai plein pouvoir aussi pour lutter ; peut-être ne m’en servirai-je pas, je l’ignore. Je me suis réservé une liberté entière ; peut-être arrivera-t-il un moment où je serai tenté de laisser à d’autres le soin de faire la guerre et où vous désirerez beaucoup que je ne cède ce soin et ce droit à personne. N’employons donc pas d’inutile diplomatie. Laissez-moi voir votre arsenal, et je vous découvrirai le mien. Mademoiselle Lucienne, prenez-moi pour conseil sans préjudice du conseil de M. Barthez. Vous pèserez l’un et l’autre dans une même balance. La vérité de fait vous semblera dans un plateau ou dans l’autre ; mais la bonne foi, la loyauté d’intentions sera dans l’un et dans l’autre à poids égal, je vous en réponds.

M. Mac-Allan avait un don de persuasion entraînante. Était-ce une grâce d’état, une faconde d’habitude ? Ces airs de probité sûre d’elle-même cachaient-ils une rouerie implacable ? Je vis sur la figure de M. Barthez qu’il s’y fiait médiocrement, et sur celle de Jennie qu’elle s’y fiait spontanément. Frumence était attentif et ne laissait rien voir de ses impressions. Quant à M. Mac-Allan, s’il jouait un rôle, il le jouait bien. Il était aussi à l’aise avec