Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 2.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

se les était procurées. Cela me fit peur. Je refusai de les vendre.

« — Tu crois donc, me dit-il en riant, que je les ai volées ?

« Je lui répondis que, si je le croyais, j’en mourrais de chagrin, mais que je le savais assez léger pour se laisser mêler à des affaires dangereuses, et que je ne voulais pas de marchandises dont il ne pouvait pas me dire la provenance.

« Je crois encore que tout ce que mon pauvre mari a pu faire de mal, il l’a fait sans avoir sa tête. Je n’ai jamais voulu voir bien clair au fond de cette affaire-là et des autres. Je lui ai vu tantôt des bijoux, tantôt de l’argent, et je n’ai jamais consenti à y toucher. Il ne s’en fâchait pas. Il riait toujours ou me traitait d’enfant sauvage. C’est ce qui me tranquillisait un peu. Je savais bien qu’il avait de l’esprit, et je ne pouvais pas croire qu’on pût être gai en faisant le mal ; mais on pense bien que je n’étais pas gaie pour mon compte et que j’avais besoin d’un peu de courage pour ne pas montrer mes peines.

« Il fit une troisième absence pendant que je travaillais en Normandie à débiter des articles de mercerie, et, comme j’avais gagné quelque chose sur mes échanges, je résolus de me reposer quelques jours en m’en allant au pays voir ma pauvre