Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 2.djvu/23

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petite, que je connaissais à peine et dont je n’avais pas eu de nouvelles depuis assez longtemps. J’allais partir, quand je vis arriver mon mari avec une jolie enfant dans ses bras,

« — Voilà la fille, me dit-il, voilà notre Louise que je t’apporte ; elle est sevrée, et il ne faudra plus la quitter, car tu vois qu’elle a souffert et qu’elle est délicate pour son âge.

« En effet, au milieu de ma joie, je ne pouvais pas m’empêcher de pleurer en retrouvant ma fille d’un an et demi aussi petite et aussi menue qu’un enfant de dix mois tout au plus. Elle était pâle, et la femme que mon mari avait amenée pour en prendre soin en route avait l’air d’une pauvresse de carrefour.

« Il la paya et la renvoya tout de suite ; je ne l’ai jamais revue, et je ne la reconnaîtrais pas, si je la rencontrais. Anseaume m’a dit qu’elle était de l’île d’Ouessant ; mais je n’y avais jamais aperçu sa figure, et je ne connaissais pas le nom qu’il lui donna. Je dois dire qu’il lui en donna d’abord un comme au hasard et puis un autre ; autant dire que je n’ai jamais rien su de cette femme. Anseaume prétendit qu’il arrivait de l’Espagne par mer, qu’il avait débarqué à Brest, où il s’était informé de moi chez notre correspondant, qu’il avait voulu aller voir notre petite, et que, la trou-