Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 2.djvu/24

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vant mal soignée, il s’était décidé à me l’apporter en la mettant sur les bras de la première femme venue. Il n’en avait pas trouvé de meilleure mine qui fût à même de le suivre.

« — Puisque voilà ma Louise, lui répondis-je, je te pardonne tout, et, puisque j’avais économisé de quoi aller la voir, je vais la garder et m’arrêter ici pour lui donner le temps de se remplumer, car elle en a bien besoin.

« J’étais si heureuse d’avoir mon enfant et de faire connaissance avec elle, que je mis ma voiture et mon cheval en dépôt dans une ferme de Normandie, aux environs de Coutances, et y louai une chambre pour moi, car Anseaume parlait déjà de repartir, et repartit au bout de deux jours. Moi, au bout de deux mois, j’avais déjà rendu la santé, la couleur et la gaieté à ma pauvre petite, et je lui apprenais les premiers mots, qu’elle ne savait pas, quoiqu’elle dût être en âge de babiller un peu. Je passais mes journées dans les prés à la voir se rouler sur l’herbe au soleil. Je trouvais partout du bon lait pour elle. Je ne pensais plus qu’à elle. Tout le monde était bien pour nous, et la fermière me consolait en me disant qu’elle avait eu des enfants retardés comme était le mien, qui s’étaient bien repris et étaient devenus forts. Cela me donnait du courage, j’oubliais mes peines,