Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 2.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

« Je n’ai pas besoin de raconter ici le chagrin que je dus avoir. Je restai enfermée toute la nuit avec la pauvre Isa, qui n’était coupable de rien, car elle avait soigné ma fille aussi bien que son propre enfant. Ils avaient tous deux été enlevée par une épidémie. Carrian avait péri en mer. Isa était bien misérable, mais elle voulait me rendre les mois de nourrice que je lui avais envoyés d’avance pour ma petite. Je les lui fis garder, et nous dûmes aviser ensemble à ce que j’allais faire de ma fausse Louise. Je ne cherchai pas longtemps. Je l’aimais ; je ne pouvais plus faire autrement que de l’aimer. Quant à mon mari, je ne devais ni ne voulais le perdre d’honneur. Je demandai le secret à Isa, qui me le promit et me le garda fidèlement. L’enfant qu’on m’avait donné, et dont je ne savais pas l’âge, pouvait bien passer pour mon second enfant. Mon père, à qui je le présentai le lendemain, me reprocha de ne lui avoir pas écrit que j’étais mère une seconde fois. Je lui reprochai doucement de ne m’avoir pas fait savoir la mort de ma fille. Il répondit que les mauvaises nouvelles sont plus mauvaises à écrire. On s’embrassa. La fausse Louise, à qui je donnai le nom d’Yvonne, car mes deux filles ne pouvaient pas s’appeler de même, fut adoptée par la famille sans aucune méfiance de la vérité. Ma belle-mère