Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 2.djvu/28

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n’était pas une mauvaise femme, mais elle me vit avec plaisir m’établir à la côte avec Isa. Je fis réparer et assainir la maison de mon amie, et j’y montai une petite boutique qui s’achalanda vite des partants et arrivants, et qui me permit de vivre dans l’aisance et la propreté. Yvonne me devint tous les jours plus chère, et je passai là environ quatre ans qui ne furent pas malheureux.

« Mais, un jour que j’avais été chez une parente malade, de l’autre côté de l’île, et que je revenais vers le soir avec ma petite par un endroit désert, je vis dans les rochers une barque de contrebande qui s’amarrait pour la nuit, et dans cette barque un homme dont j’avais souvenir. C’était un de ces mauvais compagnons que mon mari rencontrait de ville en ville, avec qui il avait toujours des secrets à dire, et qui le gardaient avec eux des semaines entières, Je n’étais pas bien aise de lui parler ; mais je pensai qu’il pourrait me donner des nouvelles d’Anseaume, et, m’approchant du récif qui l’abritait, je lui en demandai. Il me répondit, sans sortir de sa barque, que cela se trouvait bien, car il était chargé de m’en donner en cas de rencontre. Il m’apprit d’abord une chose qui me fâcha beaucoup, c’est que mon mari, après avoir fait longtemps la contrebande, s’était engagé à bord d’un flibustier, et qu’il de-