Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 2.djvu/29

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vait être toujours sur les côtes d’Amérique, où il avait été rencontré un an auparavant par celui qui me parlait. Je ne pus guère le confesser, il avait fait aussi la flibuste, celui-là, et il ne se souciait pas de parler de lui-même. Je lui demandai s’il ne s’appelait pas de son nom de guerre Ésaü. Il prétendit que je me trompais, et qu’il se nommait Bouchette. Voyant que je n’en pouvais rien tirer de plus, j’allais le quitter, quand il parut se souvenir de quelque chose, et, regardant Yvonne qui dormait sur mon épaule :

« — Est-ce celle-là ? me dit-il.

« — Comment, celle-là ?

« — Oui, celle que nous avons ramenée du Midi avec une fille bohémienne qui ne pouvait plus la nourrir.

« — Oui, c’est celle-là.

« Je répondais comme cela pour savoir la vérité, et je fis semblant de ne pas trop m’étonner. Je lui dis qu’il devait m’apprendre au juste d’où venait cette enfant, parce que mon mari m’avait commandé d’en avoir bien soin et de la reporter ensuite où on l’avait prise.

« — Ma foi, répondit le contrebandier, vous en ferez ce que vous voudrez. C’était une affaire commencée par Anseaume, et qu’il a oubliée à présent avec quantité d’autres. Sotte affaire, et