Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 2.djvu/312

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blanche qui brille au-dessus du toit : c’est votre mère qui sourit, parce qu’elle se sent pardonnée en vous voyant heureuse.

Jennie me tenait sous le charme de sa poésie naïve. Je franchis le seuil, j’entrai sous l’ombre épaisse des grands pins qui enveloppaient la maison. La lune n’éclairait pas, les arbres avaient grandi encore ; si je n’eusse connu le chemin, je me serais heurtée contre eux pour arriver jusqu’à la terrasse. Tout à coup, dans cette obscurité profonde, deux mains saisirent les miennes, deux mains petites et douces ; ce n’était donc pas celles de Frumence, mais ce n’était pas non plus celles d’une femme. Ce devait être celles d’Édouard… Mais pourquoi tremblaient-elles ? Une poitrine oppressée contenait mal une respiration mystérieuse. Je me sentis enveloppée de je ne sais quelles brillantes émanations. Le sang bourdonna dans mes oreilles je ne sais quelles paroles incompréhensibles. Je crus que j’allais m’évanouir, et cependant personne n’avait parlé. Édouard parut, apportant une lumière. C’était bien lui, c’était Mac-Allan qui tenait mes mains dans les siennes.

— Ma chère sœur, me dit Édouard quand nous fûmes entrés dans le salon, ne retirez pas vos mains de ces mains loyales. Sans doute vous me