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Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 2.djvu/325

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dît, voilà ce qu’il faut toujours me dire à présent, et je le croirai, parce que je vous adore.

Je vais vous chercher ce soir, et je retournerai prendre votre place aux Pommets jusqu’au jour de notre mariage. Frumence achèvera de me guérir l’esprit, lui qui ne sait et ne saura jamais rien. Douleur et transports ! mon Dieu ! mon Dieu ! que je suis heureux ! Lucienne, nous voyagerons, n’est-ce pas ? Vous avez toujours rêvé les voyages, et, moi, je les ai toujours aimés. Vous vouliez voir Paris, et Londres, et l’Écosse, et l’Italie, et la Grèce, et la Suisse ; nous verrons tout cela ensemble. Frumence et Jennie habiteront Bellombre avec le bon curé. Nous reviendrons quand vous voudrez… — Pourtant… laissez-moi passer quelques années seul avec vous. Je suis jaloux aussi de Jennie, de Jennie plus que de tout autre. Elle a plus de droits que moi. Laissez-moi en acquérir, laissez-moi me faire aimer si bien, que je ne craigne plus personne. Oui, cela viendra, je le jure ; je vous aimerai tant, et vous avez tant de justice ! — Lucienne, ne me dites pas que je souffre, et, si je souffre, n’en soyez pas effrayée. Cette épine m’empêchera de m’endormir dans les délices de mon bonheur. Elle me rappellera que je dois travailler sans cesse à le mériter, et que, pour être mari d’une femme comme vous, il faut être