Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 2.djvu/35

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mes bras au cou, et je restai pleurant ainsi avec elle et oubliant tout le reste.

Je fus rappelée à moi-même par la voix de M. Barthez, qui s’était levé et qui disait avec une solennité attendrie :

— Je n’ai pas à me prononcer ici sur l’autorité légale de cette pièce. Je crois que le tribunal le plus austère et le plus scrupuleux ne pourrait se dispenser de la prendre en grave considération ; mais ce que je peux dire, ce que je dirais devant toute la terre, c’est qu’elle m’inspire personnellement une confiance absolue. Cela, monsieur Mac-Allan, je le jure aussi, moi, devant Dieu !

Je regardai alors M. Mac-Allan, dont la physionomie avait pris pour la première fois une expression austère et recueillie. Il y avait en lui en ce moment la gravité et la dignité d’un juge, et il me plaisait mieux ainsi que sous l’aspect aimable et fin de l’avocat habitué aux transactions.

— Avant que je vous communique mon impression, dit-il en s’adressant à M. Barthez, mais en attachant son clair regard sur Jennie, qui essuyait ses yeux et reprenait son air habituel de résolution tranquille, permettez-moi de vous adresser une question. Est-ce madame Jane Guilhem qui a rédigé seule ce document ?

— C’est elle seule, devant moi, répondit Fru-