Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 2.djvu/63

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— Marius ? Je ne veux pas en parler, répondit-elle.

— Ah ! de ta part, voilà un blâme bien sévère.

— Ne me faites rien dire.

— Si fait. Est-ce qu’il ne te semble pas que Marius, élevé par ma grand’mère et lui devant tout, était obligé de faire la folie de m’épouser ?

— Vous ne lui avez pas donné le temps de vaincre un peu de lâcheté. Si vous aviez dit : « Marius, je compte sur toi, » il n’aurait pas osé démentir l’abbé. L’abbé a été imprudent. On a mal pris ce jeune homme.

— Ah ! tu voudrais que j’eusse attendu ses réflexions et ranimé son courage ?

— Vous en demandez trop : prenez garde de n’être jamais heureuse ! Voulez-vous que tout de suite, comme cela, on comprenne son devoir et on le fasse ?

— As-tu jamais hésité devant le tien, Jennie ? et ne m’as-tu pas appris à marcher vite et droit comme tu marches ?

— Tout le monde n’a pas la vue bonne et le mouvement prompt ; ne condamnons pas encore cet enfant : qui sait s’il ne se repent pas ce soir, et s’il ne reviendra pas demain vous dire qu’il veut vous sauver ?

— Ah ! Jennie, je demande à Dieu de ne point