Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 2.djvu/69

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J’avais parlé avec plus d’émotion que je ne m’étais promis d’en montrer. M. Mac-Allan m’observait, et je ne pouvais lui cacher ma révolte intérieure. Je relirai ma main qu’il voulait prendre, et la surprise qu’il en témoigna m’étonna et me blessa un peu.

— Voyons, dit-il, — et il me semblait un peu ému lui-même, — je vois bien que vous n’acceptez pas. Prenez huit jours pour écouter M. Barthez, qui désire vous voir accepter.

— Vous ne savez rien, monsieur, des vues de M. Barthez.

— Pardonnez-moi. M. Barthez est ferme, loyal, prudent et assez fort ; mais sa conscience parle haut, et il n’y a que les gens sans foi ou sans entrailles qui sachent cacher leurs impressions à un œil attentif, M. Barthez sait bien que vous êtes désarmée devant la loi, et il s’inquiéterait de votre vivacité, s’il était ici. Moi, je vous quitte pour que vous ne brûliez pas imprudemment vos vaisseaux.

— Eh bien, ce que vous faites là n’est ni brave ni bon, lui dis-je sans me déranger pour recevoir son salut. Vous m’abandonnez huit jours à d’inutiles anxiétés, quand, dès à présent, vous pourriez me placer en face de ma propre conscience. J’ai certainement un devoir à remplir. Il n’est pas de