Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 2.djvu/72

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée



XLIX


Chemin faisant, M. Mac-Allan, qui avait un superbe chapeau de paille ingénieusement garni de tout ce qui peut préserver un Anglais du soleil méridional, s’étonna de me voir en plein midi braver cette fournaise.

— J’ai remarqué, ajouta-t-il, que, dans les pays chauds, les cheveux noirs prennent un ton brûlé qui en atténue la dureté. Dans le Nord, les brunes sont généralement sans expression et comme qui dirait incolores. Ce sont des statues pales qu’on a coiffées de velours ou de satin noir. Vous autres, filles du soleil, vous avez de l’or répandu partout.

— C’est une allusion à ma mèche de cheveux blonds, n’est-ce pas, monsieur Mac-Allan ?

— Non, sur l’honneur, je n’y songeais pas. Je ne songeais qu’à admirer votre tête crêpelée, et je peux vous dire cela sans fadeur, puisque je vous parle naïvement, je vous trouve extraordinairement belle, mademoiselle Lucienne.

Je regardai M. Mac-Allan avec surprise. À quel propos me faisait-il ce compliment déplacé ? C’était