Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 2.djvu/75

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— On est donc aveugle dans ce pays-ci ?

— Ici, comme partout, on est très-respectueux avec les jeunes filles qui se respectent.

— Vous me donnez là une leçon que je ne mérite pas. Rien au monde ne m’inspire plus de respect que la beauté. J’ai été en Italie et en Grèce, rien que pour voir les types les plus purs de l’art et de la nature. Prenez que je suis un pédant qui parle à tort et à travers de ses engouements d’artiste, mais ne voyez en moi qu’un spectateur désintéressé qui vous dit : « Vous êtes belle, » comme il vous dirait : « Vous êtes bien éclairée par le soleil. »

— Puisque je suis bien éclairée, repris-je en l’observant toujours avec sévérité, dites-moi si je ne ressemble pas à mon père ?

Il cacha vite un peu de dépit.

— Je ne pensais pas au marquis de Valangis, répondit-il ; mais, puisque vous voulez que j’y pense et que je vous dise… Non, vous ne lui ressemblez pas, mais pas du tout !

Ce fut à mon tour de cacher mon désappointement, et ce ne fut pas difficile. Nous arrivions à l’entrée dangereuse de la Salle verte. Je passais devant lui.

— Profitez, lui dis-je, de ce que le soleil éclaire si bien ; faites ce que vous me voyez faire. Mettez