Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 2.djvu/77

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— On m’avait dit cet endroit à peu près inabordable. Je vois qu’on m’avait trompé ; il est fort beau. Voulez-vous me permettre d’y cueillir une fleur ?

— Certainement oui, bien que je ne comprenne pas quel rapport cela peut avoir avec voire expertise.

— Cela, dit-il en mettant la fleur dans son carnet, c’est autre chose ; c’est un souvenir.

— Un souvenir de quoi ?

— Un souvenir de vous. Vous plaît-il de me dire le nom de cette plante ?

— C’est un muflier sauvage.

— Mais son nom scientifique ? On m’a dit que vous étiez botaniste ; vous plaît-il d’écrire ce nom sur mon carnet ?

— Vous voulez connaître mon écriture ? Comme je n’ai jamais rien écrit que je puisse désavouer, je n’hésite pas à vous satisfaire.

J’écrivis le nom latin de la plante, et il me pria d’y ajouter la date.

Il souriait toujours, et il y avait dans ce sourire quelque chose d’implacablement tranquille qui m’irritait. Il se mit à causer, me questionnant avec aisance sur les productions et les particularités du pays, sur les beautés de la campagne environnante, et même sur mes goûts et mes occupations. Il