Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 2.djvu/78

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avait l’air de vouloir gagner du temps en s’occupant de toute autre chose que d’affaires, et je crus devoir me prêter à satisfaire sa curiosité feinte ou réelle, car j’étais l’objet principal de son examen, et je voyais bien qu’il voulait établir à tous égards son opinion sur mon compte.

— Comment se fait-il, s’écria-t-il un peu inopinément, que M. Marius de Valangis ait hésité à faire son devoir envers vous ?

— Marius n’a pas de devoirs envers moi, répondis-je.

— Oh ! pardonnez-moi, ne fût-ce que pour avoir été agréé par vous quand vous vous êtes crue riche ! J’ai envie de le mépriser, ce joli garçon !

— Et moi, je vous le défends, monsieur. Vous oubliez…

— La parenté ? Oui, je l’oublie toujours, et je vous en demande pardon ; mais pourquoi le défendez-vous ?

— Parce qu’il n’a eu aucun tort envers moi, que je sache. C’est moi qui ai rompu nos fiançailles.

— Vous avez eu tort. Vous ne l’aimez donc pas ?

— Voilà une question indiscrète, monsieur Mac-Allan.

— Je vous jure qu’elle ne l’est pas dans ma pensée. Ah ! que vous avez tort, pauvre enfant, de vous méfier de moi !