Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 2.djvu/79

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Cette exclamation eut un accent si sincère et si sympathique, que je craignis d’être injuste en me tenant sur mes gardes. Je lui répondis que je n’avais jamais eu pour Marius que des sentiments d’amitié fraternelle et que je ne comptais pas les lui retirer.

— A-t-il des défauts qui s’opposent à un sentiment plus complet ? reprit Mac-Allan. N’est-il pas soupçonneux, jaloux ?

Je ne pus répondre que par un léger éclat de rire que je ne fus pas maîtresse de retenir.

— Je vois qu’il ne l’est pas, dit l’avocat un peu étonné. Dès lors, laissez-moi vous dire que, si vous étiez une fille prudente, jalouse de considération et de sécurité, vous eussiez dû le retenir hier, au lieu de l’abandonner à sa couardise et à son ingratitude.

— Épargnez à la conduite de mon cousin des épithètes que je ne lui applique pas, et soyez assuré que je ne suis pas une personne assez prudente pour accepter des sacrifices désastreux. Si je dois tout perdre, je ne veux envelopper personne dans ma disgrâce.

Nous étions remontés à la prairie, et nous vîmes de loin Frumence qui se promenait avec Jennie sur le sentier.

— À propos, reprit Mac-Allan, M. Frumence,