votre ami… car il est votre meilleur ami, n’est-ce pas ?
— Peut-être, monsieur, répondis-je ingénument.
— Eh bien, pourquoi n’épouse-t-il pas mademoiselle Jennie, dont on le disait très-épris ?
— Parce que Jennie a ajourné sa résolution jusqu’à la solution de mes affaires.
— Jennie l’aime ?
— Jennie l’estime sérieusement.
— Elle a bien raison. Quel excellent et digne jeune homme ! Et même quel esprit supérieur, on peut dire ! N’est-ce pas votre avis ?
— C’est mon avis, comme le vôtre.
— Je sais qu’il vous a élevée, et je me demande qui, du maître ou de l’élève, a réagi sur l’autre.
— Comment un enfant pourrait-il réagir sur un professeur aussi capable et aussi sérieux ?
— On dit qu’il vous aime à l’adoration.
— Je trouve le mot exagéré.
— Je l’entends dans un sens tout paternel, et je m’étonne qu’il vous blesse.
Je me sentis rougir. M. Mac-Allan avait fait allusion sans le savoir au roman de mon enfance, à cette passion que j’avais gratuitement attribuée à Frumence et dont je m’étais si sottement émue ; mais, comme ce roman n’avait jamais eu d’autre