Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 2.djvu/85

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lait les échos endormis de notre maison en deuil.

Mais cette aimable causerie, qui coûtait si peu à un homme du monde comme M. Mac-Allan, ne pouvait guère nous éclairer sur ses intentions secrètes. Il éluda merveilleusement toute préoccupation d’affaires, et Frumence, renonçant à pénétrer sa pensée, amena l’entretien sur des sujets sérieux, dans l’espérance que j’y trouverais l’occasion de montrer l’élévation des idées et des sentiments qu’il s’était appliqué à développer en moi. Ceci me troubla, et une voix secrète m’avertit que le meilleur rôle à jouer en cette occasion pour une jeune fille était de garder le silence. Seule avec mes amis, je ne craignais pas de leur paraître pédante : je parlais, je questionnais, et au besoin j’essayais de me prononcer sur tous les sujets à ma portée, et même sur ceux que j’aspirais à comprendre ; mais devant un étranger je craignis de faire montre de mon petit savoir, et, bien que provoquée à plusieurs reprises et assez ouvertement par Mac-Allan lui-même, je me bornai à écouter sans vouloir trancher sur rien. J’aurais pu être moins réservée sans impertinence, car j’étais sincère en tout et jamais on ne m’avait chapitrée sur mes besoins d’expansion ; mais je me sentais observée et ne voulais pas paraître y prendre plaisir.