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Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 2.djvu/91

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LI


Je ne revis plus Jennie qu’à l’heure du souper. Frumence était parti.

— Écoutez, me dit-elle, depuis quarante-huit heures Frumence est bien en peine : il veut partir pour l’Amérique.

— Ah ! mon Dieu ! Jennie, avec quel sang-froid tu me dis cela ! Ah ! cher et bon Frumence ! il veut quitter son oncle qui ne peut se passer de lui, et toi qui lui es si chère, pour aller chercher si loin des preuves si incertaines en ma faveur !

— Oui, c’est l’idée qui lui est venue tout de suite, quand j’ai parlé hier d’y aller moi-même ; mais l’abbé Costel s’est trouvé si souffrant cette nuit, et il m’est impossible de vous laisser seule pour aller le soigner, que Frumence doit ajourner son voyage. Alors savez-vous ce qui résulte de tout ceci ? C’est que, pour faire cesser certains propos,… des propos sur moi que j’aurais de la répugnance à vous répéter, il faut que je me décide tout de suite au mariage avec Frumence.

— Ah ! Jennie, m’écriai-je en me jetant dans