Page:Sand - Constance Verrier.djvu/27

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passés ; je parle toujours des choses du cœur et de l’esprit. Vous n’aimez, vous n’admirez aucun homme ; vous n’avez pas besoin d’affections vives, et c’est pour cela que vous êtes si charmante et si aimable ; c’est pour cela que vous avez toujours l’esprit présent, les manières bienveillantes, l’âme ouverte à la tolérance ou à la compassion. Il n’y a rien de maussade comme une personne passionnée qui n’est jamais avec vous, ou qui veut vous forcer à monter avec elle sur le dada quinteux de son imagination.

— En ce cas-là, madame la duchesse, répondit Constance d’un ton naïf et sérieux, vous êtes sage aussi pour cause de froideur, car, à quelque moment que l’on vous rencontre, on vous trouve toujours parfaitement aimable.




II


— Et à ce compte-là, s’écria la cantatrice un peu piquée, je suis parfaitement maussade, moi qui suis toujours distraite par mon imagination, ou fatigante par ma fantaisie d’emporter les autres sur le même dada.

— Vous, Sofia, répondit la duchesse avec bonté, vous avez le droit d’être ainsi, parce que votre dada a les ailes du génie. On n’est jamais fâchée, quelque poltronne qu’on soit, de vous suivre dans la nuée. Je n’ai médit que des sottes ou des bêtes qui ne sont pas