Page:Sand - Constance Verrier.djvu/28

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ici. Mais à propos… non ! pas à propos ! c’est la langue qui me fourche. Où est donc votre tante, mademoiselle Verrier ? et à quelle prodigieuse circonstance doit-on le bonheur de pouvoir vous dire trois paroles sans être contrôlée par la sœur Écoute ?

— Ma tante n’a pas d’esprit, je le sais, répondit Constance sans se fâcher. Elle comprend peu ce qui se dit. C’est un enfant tranquille et bon, d’un cœur si dévoué et d’un caractère si égal que je ne m’ennuie jamais d’elle, et que quelque chose me manque quand elle n’est pas là. Elle a été voir une vieille amie ici près, elle va arriver dans cinq minutes.

— En ce cas, dépêchons-nous de dire du mal d’elle, dit la Mozzelli en riant. Convenez, chère Constance, que cette bonne tante, — je l’aime aussi, moi, je vous le déclare, — n’est pas trop contente de me voir liée avec vous.

— Vous vous trompez, répondit mademoiselle Verrier. Toute bourgeoise qu’elle est, elle a un grand respect d’instinct pour les arts et les artistes, depuis qu’on lui a mis dans la tête cette innocente rêverie que j’étais artiste moi-même.

— Vous l’êtes ! et grande artiste, encore ! s’écria la Mozzelli. Je voudrais avoir votre science sérieuse et votre goût irréprochable. J’apprends tous les jours avec vous ! Mais il ne s’agit pas de ça, parlons de la tante. C’est donc à madame la duchesse qu’elle en veut ? car je vous jure que, quand elle nous voit causer toutes trois ensemble, elle pince les lèvres et serre les doigts… comme ça.