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consuelo.

tant un large flacon de cristal, garni de cuir de Russie, et monté en argent ; je l’ai remplie moi-même du meilleur vin de Hongrie qui soit dans la cave de ma tante. Goûtez plutôt, c’est celui que vous préférez.

— Et ma pipe ? et mon sac de tabac turc ?

— Rien ne manque, dit la soubrette. Monsieur le baron trouvera tout dans les poches de la voiture ; nous n’avons rien oublié, rien négligé pour qu’il fît le voyage agréablement.

— À la bonne heure ! dit le baron en chargeant sa pipe ; ce n’en est pas moins une grande scélératesse que vous faites là, ma chère Amélie. Vous rendez votre père ridicule, et vous êtes cause que tout le monde va se moquer de moi.

— Cher papa, répondit Amélie, c’est moi qui suis bien ridicule aux yeux du monde, quand je parais m’obstiner à épouser un aimable cousin qui ne daigne pas me regarder, et qui, sous mes yeux, fait une cour assidue à ma maîtresse de musique. Il y a assez longtemps que je subis cette humiliation, et je ne sais trop s’il est beaucoup de filles de mon rang, de mon air et de mon âge, qui n’en eussent pas pris un dépit plus sérieux. Ce que je sais fort bien, c’est qu’il y a des filles qui s’ennuient moins que je ne le fais depuis dix-huit mois, et qui, pour en finir, prennent la fuite ou se font enlever. Moi, je me contente de fuir en enlevant mon père. C’est plus nouveau et plus honnête : qu’en pense mon cher papa ?

— Tu as le diable au corps ! » répondit le baron en embrassant sa fille ; et il fit le reste du voyage fort gaiement, buvant, fumant et dormant tour à tour, sans se plaindre et sans s’étonner davantage.

Cet événement ne produisit pas autant d’effet dans la famille que la petite baronne s’en était flattée. Pour commencer par le comte Albert, il eût pu passer une semaine