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consuelo.

il vous remercie de lui avoir rendu son dernier, son seul enfant ! »

En parlant ainsi, le comte Christian prit les deux mains de Consuelo dans les siennes, et les couvrit de baisers en les arrosant de larmes.

LIX.

Consuelo fut vivement attendrie d’une démonstration qui la réhabilitait à ses propres yeux et tranquillisait sa conscience. Jusqu’à ce moment, elle avait eu souvent la crainte de s’être imprudemment livrée à sa générosité et à son courage ; maintenant elle en recevait la sanction et la récompense. Ses larmes de joie se mêlèrent à celles du vieillard, et ils restèrent longtemps trop émus l’un et l’autre pour continuer la conversation.

Cependant Consuelo ne comprenait pas encore la proposition qui lui était faite, et le comte, croyant s’être assez expliqué, regardait son silence et ses pleurs comme des signes d’adhésion et de reconnaissance.

« Je vais, lui dit-il enfin, amener mon fils à vos pieds, afin qu’il joigne ses bénédictions aux miennes en apprenant l’étendue de son bonheur.

— Arrêtez, monseigneur ! dit Consuelo tout interdite de cette précipitation. Je ne comprends pas ce que vous exigez de moi. Vous approuvez l’affection que le comte Albert m’a témoignée et le dévouement que j’ai eu pour lui. Vous m’accordez votre confiance, vous savez que je ne la trahirai pas ; mais comment puis-je m’engager à consacrer toute ma vie à une amitié d’une nature si délicate ? Je vois bien que vous comptez sur le temps et sur ma raison pour maintenir la santé morale de votre noble fils, et pour calmer la vivacité de son attachement