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consuelo.

commencé par refuser net les propositions de l’ambassadeur à mon sujet, et qu’il ait signifié ne vouloir plus faire d’élèves, comme je sais que monseigneur Corner insistera, j’espère encore, et je suis déterminé à subir patiemment les plus cruelles mortifications, pourvu qu’il m’enseigne quelque chose en me grondant.

— Vous avez formé là, dit Consuelo, une salutaire résolution. On ne vous a pas exagéré les manières brusques et l’aspect terrible de ce grand maître. Mais vous avez raison d’espérer ; car si vous avez de la patience, une soumission aveugle, et les véritables dispositions musicales que je pressens en vous, si vous ne perdez pas la tête au milieu des premières bourrasques, et que vous réussissiez à lui montrer de l’intelligence et de la rapidité de jugement, au bout de trois ou quatre leçons, je vous promets qu’il sera pour vous le plus doux et le plus consciencieux des maîtres. Peut-être même, si votre cœur répond, comme je le crois, à votre esprit, Porpora deviendra pour vous un ami solide, un père équitable et bienfaisant.

— Oh ! vous me comblez de joie. Je vois bien que vous le connaissez, et vous devez aussi connaître sa fameuse élève, la nouvelle comtesse de Rudolstadt… la Porporina…

— Mais où avez-vous donc entendu parler de cette Porporina, et qu’attendez-vous d’elle ?

— J’attends d’elle une lettre pour le Porpora, et sa protection active auprès de lui, quand elle viendra à Vienne ; car elle va y venir sans doute après son mariage avec le riche seigneur de Riesenburg.

— D’où savez-vous ce mariage ?

— Par le plus grand hasard du monde. Il faut vous dire que, le mois dernier, mon ami Keller apprit qu’un parent qu’il avait à Pilsen venait de mourir, lui laissant