Page:Sand - Consuelo - 1856 - tome 2.djvu/320

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
308
consuelo.

bas du versant opposé. Cette vallée, où ils descendirent, c’était la Bavière ; mais la ville qu’ils apercevaient était plus éloignée qu’ils ne l’avaient pensé : il semblait au désolé Joseph qu’elle reculait à mesure qu’ils marchaient. Pour comble de malheur, le temps se couvrait de tous côtés, et bientôt une pluie fine et froide se mit à tomber. En peu d’instants elle obscurcit tellement l’atmosphère, que les lumières disparurent, et que nos voyageurs, arrivés, non sans péril et sans peine, au bas de la montagne, ne surent plus de quel côté se diriger. Ils étaient cependant sur une route assez unie, et ils continuaient à s’y traîner en la descendant toujours, lorsqu’ils entendirent le bruit d’une voiture qui venait à leur rencontre. Joseph n’hésita pas à l’aborder pour demander des indications sur le pays et sur la possibilité d’y trouver un gîte.

« Qui va là ? lui répondit une voix forte ; et il entendit en même temps claquer la batterie d’un pistolet : Éloignez-vous, ou je vous fais sauter la tête !

— Nous ne sommes pas bien redoutables, répondit Joseph sans se déconcerter. Voyez ! nous sommes deux enfants, et nous ne demandons rien qu’un renseignement.

— Eh mais ! s’écria une autre voix, que Consuelo reconnut aussitôt pour celle de l’honnête M. Mayer, ce sont mes petits drôles de ce matin ; je reconnais l’accent de l’aîné. Êtes-vous là aussi, le gondolier ? ajouta-t-il en vénitien et en appelant Consuelo.

— C’est moi, répondit-elle dans le même dialecte. Nous nous sommes égarés, et nous vous demandons, mon bon monsieur, où nous pourrons trouver un palais ou une écurie pour nous retirer. Dites-le-nous, si vous le savez.

— Eh ! mes pauvres enfants ! reprit M. Mayer, vous