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Page:Sand - Consuelo - 1856 - tome 2.djvu/71

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consuelo.

— Que je connais trop bien, dit Consuelo en frissonnant de la tête aux pieds.

— Que voulez-vous dire ? demanda Albert en la regardant avec surprise.

— Je vous l’apprendrai plus tard, répondit Consuelo. Je ne veux pas vous attrister et vous émouvoir maintenant par l’idée des périls que j’ai surmontés…

— Mais que veut-elle dire ? s’écria Albert épouvanté, en regardant Zdenko.

Zdenko répondit en bohémien d’un air d’indifférence, en pétrissant avec ses longues mains brunes des amas de glaise qu’il plaçait dans l’interstice des pierres de son écluse, pour hâter l’écoulement de la citerne.

« Expliquez-vous, Consuelo, dit Albert avec agitation ; je ne peux rien comprendre à ce qu’il me dit. Il prétend que ce n’est pas lui qui vous a amenée jusqu’ici, que vous y êtes venue par des souterrains que je sais impénétrables, et où une femme délicate n’eût jamais osé se hasarder ni pu se diriger. Il dit (grand Dieu ! que ne dit-il pas, le malheureux), que c’est le destin qui vous a conduite, et que l’archange Michel (qu’il appelle le superbe et le dominateur) vous a fait passer à travers l’eau et les abîmes.

— Il est possible, répondit Consuelo avec un sourire, que l’archange Michel s’en soit mêlé ; car il est certain que je suis venue par le déversoir de la fontaine, que j’ai devancé le torrent à la course, que je me suis crue perdue deux ou trois fois, que j’ai traversé des cavernes et des carrières où j’ai pensé devoir être étouffée ou engloutie à chaque pas ; et pourtant ces dangers n’étaient pas plus affreux que la colère de Zdenko lorsque le hasard ou la Providence m’ont fait retrouver la bonne route. »

Ici, Consuelo, qui s’exprimait toujours en espagnol