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Page:Sand - Consuelo - 1856 - tome 2.djvu/76

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consuelo.

rieur une toux sèche et perçante, signal de son lever. Consuelo eut le bonheur de n’être vue ni entendue de personne. La crainte lui fit retrouver des ailes pour se réfugier dans son appartement. D’une main agitée elle se débarrassa de ses vêtements souillés et déchirés, et les cacha dans un coffre dont elle ôta la clef. Elle recouvra la force et la mémoire nécessaires pour faire disparaître toute trace de son mystérieux voyage. Mais à peine eut-elle laissé tomber sa tête accablée sur son chevet, qu’un sommeil lourd et brûlant plein de rêves fantastiques et d’événements épouvantables, vint l’y clouer sous le poids de la fièvre envahissante et inexorable.

XLVII.

Cependant la chanoinesse Wenceslawa, après une demi-heure d’oraisons, monta l’escalier, et, suivant sa coutume, consacra le premier soin de sa journée à son cher neveu. Elle se dirigea vers la porte de sa chambre, et colla son oreille contre la serrure, quoique avec moins d’espérance que jamais d’entendre les légers bruits qui devaient lui annoncer son retour. Quelles furent sa surprise et sa joie, lorsqu’elle saisit le son égal de sa respiration durant le sommeil ! Elle fit un grand signe de croix, et se hasarda à tourner doucement la clef dans la serrure, et à s’avancer sur la pointe du pied. Elle vit Albert paisiblement endormi dans son lit, et Cynabre couché en rond sur le fauteuil voisin. Elle n’éveilla ni l’un ni l’autre, et courut trouver le comte Christian, qui, prosterné dans son oratoire, demandait avec sa résignation accoutumée que son fils lui fût rendu, soit dans le ciel, soit sur la terre.

« Mon frère, lui dit-elle à voix basse en s’agenouillant