Page:Sand - Contes d’une grand’mère, 1906.djvu/164

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— Peut-être ! mais, si tu en rencontres, tu te dépêcheras d’ôter ton chapeau et de saluer bien bas.

— Qu’à cela ne tienne ! répondis-je gaiement.


Maître Jean crut que j’avais compris son ironie et songea à autre chose. Quant à moi, je n’étais point rassuré, et, comme la nuit commençait à se faire, je jetais des regards méfiants sur toute roche ou surtout gros arbre d’apparence suspecte, jusqu’à ce que, me trouvant tout près, je pusse m’assurer qu’il n’y avait pas là forme humaine.


Si vous me demandiez où est située la paroisse de Chanturgue, je serais bien empêché de vous le dire. Je n’y suis jamais retourné depuis et je l’ai en vain cherchée sur les cartes et dans les itinéraires. Comme j’étais impatient d’arriver, la peur me gagnant de plus en plus, il me sembla que c’était fort loin de la roche Sanadoire. En réalité, c’était fort près, car il ne faisait pas nuit noire quand nous y arrivâmes. Nous avions fait beaucoup de détours en côtoyant les méandres du torrent. Selon toute probabilité, nous avions passé derrière les montagnes que j’avais vues de la roche