Page:Sand - Contes d’une grand’mère, 1906.djvu/259

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Les soles étaient excellentes, le vin était sans reproche. Mais le dépit de n’avoir point d’huîtres m’empêcha de savourer ce qu’on m’offrait. Je bus et mangeai sans discernement, causant toujours avec mon petit vieux, qui semblait compatir à ma peine et prendre intérêt à mon exploration manquée.

Si bien qu’à la fin du repas je ne saisissais plus très-clairement le sens de ses paroles ni la vue des objets environnants. Le gnome, car il avait réellement l’aspect d’un gnome, me paraissait un peu ému aussi, car il passa son bras sous le mien avec une familiarité touchante en m’appelant son cher ami, et en jurant qu’il allait me révéler tous les secrets de la nature concernant les huîtres.

Je le suivis sans savoir où j’allais. La vivacité de l’air achevait de m’éblouir, et je me trouvai avec lui dans une sorte de grotte, de cave ou de chambre sombre, où étaient entassés des monceaux de coquillages.

— Voici ma collection, me dit-il d’un air triomphant : je ne la montre pas au premier