Page:Sand - Contes d’une grand’mère, 1906.djvu/280

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elle comptait les heures, les minutes. Enfin, après les occupations de la soirée, elle obtint de sa mère la permission de se rendre au pavillon avec sa gouvernante.

À peine étaient-elles dans le jardin qu’elles firent une rencontre dont miss Barbara parut fort émue. C’était pourtant un homme d’apparence très inoffensive que M. Bat, le précepteur des frères d’Elsie. Il n’était pas beau ; maigre, très brun, les oreilles et le nez pointus, et toujours vêtu de noir de la tête aux pieds, avec des habits à longues basques, très pointues aussi. Il était timide, craintif même ; hors de ses leçons, il disparaissait comme s’il eût éprouvé le besoin de se cacher. Il ne parlait jamais à table, et le soir, en attendant l’heure de présider au coucher de ses élèves, il se promenait en rond sur la terrasse du jardin, ce qui ne faisait de mal à personne, mais paraissait être l’indice d’une tête sans réflexion livrée à une oisiveté stupide. Miss Barbara n’en jugeait pas ainsi. Elle avait M. Bat en horreur, d’abord à cause de son nom qui signifie chauve-souris en anglais. Elle prétendait