Page:Sand - Contes d’une grand’mère, 1906.djvu/281

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que, quand on a le malheur de porter un pareil nom, il faut s’expatrier afin de pouvoir s’en attribuer un autre en pays étranger. Et puis elle avait toute sorte de préventions contre lui, elle lui en voulait d’être de bon appétit, elle le croyait vorace et cruel. Elle assurait que ses bizarres promenades en rond dénotaient les plus funestes inclinations et cachaient les plus sinistres desseins.

Aussi, lorsqu’elle le vit sur la terrasse, elle frissonna. Elsie sentit trembler son bras auquel le sien s’était accroché. Qu’y avait-il de surprenant à ce que M. Bat, qui aimait le grand air, fût dehors jusqu’au moment de la retraite de ses élèves, qui se couchaient plus tard qu’Elsie, la plus jeune des trois ? Miss Barbara n’en fut pas moins scandalisée, et, en passant près de lui, elle ne put se retenir de lui dire d’un ton sec :

— Est-ce que vous comptez rester là toute la nuit ?

M. Bat fit un mouvement pour s’enfuir ; mais, craignant d’être impoli, il s’efforça pour répondre et répondit sous forme de question :