plaisir à regarder les jeux de tous ces petits êtres et à voir nager les grenouilles ; mais elle eut beau chercher, elle vit de tout dans cette eau, excepté une grenouille grande ou petite. — Est-ce qu’il n’y aurait plus une seule grenouille sur la terre ? se demanda-t-elle, et serais-je cause que ces pauvres bêtes n’existent plus ?
Le soleil s’était enfoncé dans un gros nuage violet qui rampait sur l’horizon, lorsque tout d’un coup il se dégagea et lança sur la prairie un rayon rouge si éclatant que Marguerite fut forcée un instant de fermer les yeux. Lorsqu’elle les rouvrit, elle se vit, non pas au bord du marécage, mais tout au beau milieu, sur un îlot de branches et de racines, avec de l’eau tout autour d’elle, de l’eau qui paraissait profonde et claire et où sautillaient des milliers d’étincelles. Elle ne se demanda pas comment elle était venue là sans se mouiller et comment elle en sortirait sans se noyer. Le rayon de soleil était si beau que tout semblait très-beau dans le marécage, l’eau était comme de l’or en fusion, les roseaux semblaient des palmiers couverts de fruits d’émeraude et de rubis, et d’un vieux saule qui se penchait sur le rivage tombaient en pluie des insectes d’azur à ventre d’argent qui se hâtaient de sucer les fleurs lilas des eupatoires.
Alors Marguerite entendit comme un chant faible et confus sous les eaux ; ce chant monta bientôt dans les herbes et murmura de petits mots incompréhensibles. Peu à peu les voix s’élevèrent, et les paroles devinrent distinctes. Marguerite entendit son