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balai aussi long et aussi chevelu qu’un grand sapin. Catherine le prit résolûment et le trouva fort léger.

— À présent, lui dit la tante, il s’agit de balayer. Et elle la poussa rudement dans l’espace.



XIV


Catherine se crut précipitée au bas de la montagne, mais il n’en fut rien ; elle se trouva retenue en l’air par le fil que sa tante avait enroulé autour de son bras, et elle put marcher sur les nuages aussi facilement que si c’eût été la prairie. — Allons, balaie, cria madame Colette ; amène-moi ici tous ces nuages, il me les faut tous, tous, sans qu’il en manque un seul.

Catherine balayait, balayait, mais jamais assez bien et assez vite au gré de sa tante, qui lui criait : — Allons, plus vite et mieux que ça ! Plus loin, plus loin ! Faudra-t-il t’envoyer une charrette et des bœufs pour me rentrer tous ces nuages ?

Catherine parcourait tout le ciel, ramenant en tas les nuages que poussait son grand balai. En un instant, elle eut proprement balayé tout le ciel. — Amène-moi les tas ! criait encore dame Colette ; pousse, pousse ! Il m’en faut faire un seul et que je l’aie là dans les mains ! — Catherine poussait, amassait, et Colette rangeait tout cela en une meule gigantesque qui couvrait toute la dent du glacier.