essaya de mettre ses jambes dans l’eau pour voir si elle était profonde. Il ne sentit pas le fond, mais il sentit que, s’il lâchait le rocher, la vague allait l’emporter. Alors il se jugea décidément perdu, pensa à sa mère et ferma les yeux pour ne pas se voir mourir.
Tout d’un coup il entendit au-dessus de lui les petites voix qui l’avaient appelé sur la dune, et le courage lui revint. Il avait déjà volé pour descendre de là-haut, il pouvait bien voler encore pour y retourner. Il imita le cri de ces esprits invisibles, et il les entendit planer sur lui comme s’ils tournaient en rond pour l’appeler et l’attendre. Il fit de nouveau un grand effort avec ses bras, qui le soutinrent comme des ailes, et il s’éleva dans les airs ; mais il sentit qu’il ne volait pas bien haut et qu’il planait sur la mer, allant, venant, effleurant les vagues, se reposant sur le rocher, se remettant à voltiger, à nager, et trouvant à cela un plaisir extrême. L’eau de mer lui semblait tiède, il s’y soutenait sans effort comme s’il n’eût fait que cela toute sa vie, et puis il eut envie de voir dedans. Il ferma ses ailes et y plongea la tête. L’eau était tout en feu blanc qui ne brûlait pas. Enfin il se sentit fatigué, et, revenant à son rocher, il s’y rendormit profondément, bercé par le beau bruit des vagues et par la douce voix des esprits, qui continuaient à faire de petits cris d’enfant dans les airs.
Quand il s’éveilla, le soleil se levait dans un brouillard argenté qui s’en allait par grandes bandes autour de l’horizon. Un vent frais plissait la mer